Ma préférence à moi

Il était une fois en Amérique - Brooklyn Bridge

Je dois vous l’avouer, entre autre particularité, je suis une fan invétérée et presque obsessionnelle des listes… C’est simple, j’en fais pour tout. Des listes classiques pour les courses, le père noël ou l’organisation d’un anniversaire comme des listes moins concrètes comme les voyages rêvés ou les ambitions fantasques. Mais parmi toutes ces listes, celles que je préfère réaliser ce sont les listes « culturelles » et plus particulièrement celles de films.

Avec ou sans hiérarchie, selon des critères chronologiques, d’urgence – « à voir demain », « à voir dans le mois », « à voir parce qu’une amie me l’a prêté avec menace de mort si je ne l’appréciais pas » – ou par genre, je ne suis plus capable de compter le nombre de listes gribouillées ou tapées au fil des années.


Je crois que cette habitude répond à une sorte de besoin de maitriser, au maximum la manière dont je me « nourris » cinématographiquement. Il est en effet une évidence qui me frustre particulièrement : même si nous passions nos journées à regarder des films, leur nombre est trop important pour tous les voir en une seule vie. Or jusqu’à présent, c’est tout ce qu’on a une vie. En plus, il paraît qu’on a d’autres choses à faire, en dehors de découvrir des films… Permettez-moi d’émettre quelques doutes à ce sujet.

Face à l’infinité des films à notre disposition, il peut paraître impossible d’affirmer avec force et conviction : « J’ai un film préféré ». Pourtant, c’est mon cas et celui de beaucoup d’entre vous, je l’imagine bien. La question que cela soulève, au-delà de l’identité même du film, est très simple : pourquoi celui-ci et pas un autre ?

Peut-on vraiment établir des critères objectifs qui permettraient de convaincre les autres de la pertinence d’un tel choix ou le fait d’avoir un film préféré est aussi subjectif qu’avoir une culotte préférée ou un plat préféré ? On n’y perd rien en réalité, excepté du temps, à le tenter.

Afin de parvenir à justifier mon choix du film (je romps le suspense) Il était une fois en Amérique, j’ai utilisé une grille de qualification. Elle ne sort pas de nulle part et est le fruit de nombreux critères trouvés par des blogueurs et cinéphiles, lus par ci par là et enrichis de ma propre expérience.


Pour moi, un film en tant qu’objet se caractérise par son genre, les acteurs et actrices qui le composent, le réalisateur ou plus rarement, la réalisatrice qui les dirige. L’époque peut également jouer un rôle important (c’est le cas des 70’s pour moi), les techniques utilisées même si c’est loin d’être un domaine que je maitrise, l’histoire évidemment et enfin, cerise sur le gâteau, archer sur les cordes du violon : la musique qui accompagne le tout. Il faut ajouter à cela un contexte : le facteur humain. Autrement dit vous, ce que vous êtes au moment où vous regardez un film, qui vous étiez quand pour la première fois vous avez pu découvrir LE film. Il faut donc composer avec ces différents éléments.


Tout d’abord, votre humeur qui varie aussi souvent que les saisons pour les plus constants et aussi souvent que le cycle de vie d’un papillon pour les personnes comme moi. Ensuite le cadre de la découverte, du visionnage. On ne vit pas le même film au sein d’une salle de cinéma, seul(e) dans son lit, en compagnie d’amis ou entre deux étreintes, pour s’en tenir aux situations qui me viennent à l’esprit.


Enfin, les paramètres extérieurs qui vous ont mené à découvrir ce film sont prépondérants dans la valeur que vous lui conférez. On ne regarde pas un film, recommandé par quelqu’un qu’on ne souhaite pas décevoir, avec légèreté, alors que l’on se sent immédiatement moins coupable de ne pas aimer le dernier film sorti en salles encensé par la critique.

En suivant ces différents critères, brièvement déclinés, tout coïncide pour Il était une fois en Amérique, cette petite distraction de 3h40…Inutile bien entendu de vous avertir qu’il vous faut avant tout un peu de temps libre devant vous, pour apprécier pleinement le film. Dans le cas contraire, vous risquez de devoir le regarder en plusieurs fois, comme une mini-série. Après tout, pourquoi pas !

Une fois cette précision faite, plongez sans hésitez et sans vous mouillez la nuque, dans ce « drame testamentaire », les yeux grands ouverts et la bouche close. Dernier film du réalisateur italien Sergio Leone, Il était une fois en Amérique est le résultat de dix années de réflexion, de casting et l’adaptation du roman The Hoods d’Harry Gray.

Connu pour avoir donné ses lettres de noblesse au western « spaghetti », Sergio Leone signe avec cette dernière œuvre, un film intense à la temporalité complexe et à la recette exceptionnelle !

Le réalisateur conte une période importante de l’histoire américaine post-première guerre mondiale : la Prohibition et ses répercussions. New-York est auparavant, la cour de récré d’une bande de gamins roublards dont l’ambition et l’impulsivité va mener à la destruction d’une amitié sincère.

Difficile de résumer ce film en quelques mots tant les thèmes abordés sont nombreux. Relations de confiance, guerre de territoire, amour impossible et sacralisé, trahison finale, tout y est. Nous ne sommes que les spectateurs ballotés d’un voyage dans la mémoire du personnage principal, incarné avec brio par Robert de Niro.


A ce stade, comment ne pas évoquer la musique ? La bande originale écrite par le virtuose Ennio Morricone. Acolyte fidèle du réalisateur, c’est lui qui compose ici les mélodies de la mélancolie et de la nostalgie. La valse de l’Amapola fait écho aux sons sourds et mats de la flûte de pan de l’intro de Childhood memories, donnant, si cela est possible, encore plus de profondeur au film.

Mon film préféré, finalement et simplement, c’est le haricot magique confié par mon père au début de l’adolescence, transmis dans une petite besace avec une dizaine d’autres films tels qu’Amadeus, Vol au dessus d’un nid de coucou ou Danse avec les loups… Il n’est peut être pas meilleur que d’autre, mes meilleures expériences cinématographiques sont sans doute devant moi (même si j’en doute) mais celui-ci rassemble déjà des éléments solides ayant construit ma cinéphilie et il me laissera toujours un souvenir indélébile.

Et vous, quel est votre film préféré ? Pourquoi donc ?

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